Brève biographie de Guido Nincheri

Guido Nincheri nait à Prato, une ville industrielle située à quelque vingt kilomètres de Florence, le 29 septembre 1885. Décidé à étudier les beaux-arts, il s’inscrit, à l’âge de seize ans, à l’Académie des Beaux Arts de Florence contre la volonté de son père. Nincheri y étudie les arts décoratifs et figuratifs, l’architecture, la sculpture, la peinture et différents mouvements artistiques, mais c’est Adolfo De Carolis qui a le plus d’influence sur l’art du jeune homme. Il ne fait aucun doute que c’est grâce à De Carolis que Nincheri développe son amour pour les mouvements préraphaélite, symboliste et Art Nouveau (nommé Stile Liberty en Italie).
En 1910, Nincheri reçoit son diplôme et établit son propre studio à Florence. Seuls deux projets de cette époque sont documentés : des murales de Stile Liberty à la Società di mutuo soccorso di San Marco (une salle de réunions pour syndicats) et un palais privé, le Palazzo Nanni.
En 1913, Nincheri épouse Giulia Bandenelli et, alors qu’il était en attente du début d’un projet important, ils décident d’aller en lune de miel de l’autre côté de l’Atlantique. Leur destination ultime était l’Argentine, où des amis de l’Académie avaient déménagé, mais Nincheri voulait d’abord visiter Boston et New York. Ils restent à Boston plus longtemps que prévu, et, après quelque temps, le père de Nincheri lui conseille de demeurer en Amérique du Nord à cause des rumeurs incessantes de guerre.
En novembre, Nincheri et Giulia quittent Boston et déménagent à Montréal où la nature latine des Canadiens-Français était similaire à la leur propre personnalité. À Montréal, Nincheri trouve du travail auprès de Henri Perdriau, le propriétaire d’un studio de vitrail. Nincheri y dessine des croquis et des cartons pour les vitraux produits par le studio et y apprend l’art de fabriquer des vitraux. La réputation de Nincheri croît rapidement et, en cinq ans, il décore le baptistère de l’église Saint-Viateur-d’Outremont et l’abside de l’église St. Michael’s, il dessine l’architecture de St. Anthony of Padua, l’église italienne d’Ottawa, et il est sélectionné pour dessiné l’architecture de Notre-Dame-de-la-Défense et en faire la décoration.
En 1924, Nincheri ouvre son propre studio de vitrail (situé au1832, boulevard Pie-IX), lequel fabriquera quelque 5000 vitraux au cours des 45 prochaines années. Un an plus tard, Nincheri introduit l’art du buon fresco, la technique traditionnelle utilisée pour peindre des murales sur du plâtre humide, en Amérique du Nord. En 1933, Nincheri est nommé Commandeur de l’ordre de Saint-Sylvestre par le pape Pie XI pour sa propagation de la Foi par l’entremise de son art et pour sa générosité envers les prêtres et les paroisses qui n’avaient pas les moyens de le payer à sa juste valeur.


Pendant plusieurs années, Nincheri passe le temps à décorer des églises partout au Canada et à fabriquer des vitraux avec son équipe d’artisans. Mais sa vie bouscule lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate et que l’Italie se joint à l’Allemagne. Déclarés ennemis de l’État, les Italo-Canadiens sont arrêtés en masse et envoyés à des camps d’internement. Parmi eux se trouve l’artiste de 55 ans qui, contre son gré, avait peint une fresque de Mussolini à l’église Notre-Dame-de-la-Défense. Nincheri est interné trois mois au camp de Petawawa. Il n’est libéré que quand son épouse, Giulia, prouve que la fresque ne faisait pas partie de ses plans originaux.
Peu de temps après sa libération, Nincheri déménage aux États-Unis où il commence à trouver du travail et où il venait tout juste de signer un important contrat de décoration pour l’église St. Ann, à Woonsocket, au Rhode Island. Il possède toujours son studio sur le boulevard Pie-IX et un chalet dans les Laurentides, mais Nincheri vit désormais au Rhode Island.
À sa retraite, en 1969, Nincheri avait décoré plus de 200 églises partout au Canada et en Nouvelle-Angleterre.
En juillet 1972, Nincheri est adoubé chevalier de la République italienne. Il décède le 1er mars 1973, à l’âge de 88.